Episode Transcript
[00:00:17] Speaker A: Anne Schlierwin, le podcast de l'ASDM au Climatbüdnis Lützbürg, et vous êtes avec nous sur Radio ARA. Bienvenue au podcast d'Anne Schlierwin de l'Action Solidarité Tiermont au Climatbüdnis Lützbürg et vous êtes avec nous sur Radio ARA.
Depuis le 1er novembre, nous commençons la nouvelle saison d'«À n'est-ce que de vivre » avec un nouveau format et une nouvelle modération. Je suis Christine Nierenhausen et je vais vous accompagner dans cette mission.
Bienvenue à l'épisode de lundi 1er novembre 2024, où nous allons interviewer la nouvelle coordonnatrice générale de l'ASDM, Madame Aude Ehlinger, nous allons vous parler de vos expériences en tant que directrice d'une ONG au Maroc, qui a réalisé un miracle pendant un certain temps. L'ONG qui a réalisé ce miracle s'appelle Amman, qui s'appelle en arabe « Sicherheit ».
[00:01:33] Speaker B: Mais aussi l'Association Meilleur Avenir pour l'Enfant.
[00:01:35] Speaker A: C'est une ONG d'une dose de personnes qui travaille sur l'environnement des violences sexuelles. Et là, ils vont raconter ce qu'est exactement l'intérêt, mais aussi l'unité entre les hommes et les femmes, dans une ONG au Maroc, à Luxembourg.
un peu une vision de ce que l'on peut faire dans le futur et de vos expériences en général dans le domaine des réseaux de développement. J'espère que vous aurez beaucoup de plaisir à écouter. Si vous avez des commentaires, des questions ou d'autres sujets que vous souhaitez communiquer, n'hésitez pas à envoyer un mail à astm.lu N'hésitez pas à venir sur notre site web, sur les médias sociaux ou sur notre newsletter. Nous avons aussi un journal de revue qui s'appelle « Brandpunkt Drittwelt ». Vous pouvez vous abonner gratuitement. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir dans cette émission de Radio ARA, le 1er lundi.
de 16 à 17 heures. Et puis, on continue avec notre interview avec notre coordonnatrice générale, Aude Ehlinger. Aude, tu as le mot.
[00:02:53] Speaker C: Au revoir.
[00:02:55] Speaker D: Ok, Wagoute Moyenne. Je suis arrivée à la STM en septembre de cette année au poste de coordinatrice générale. Quelles sont mes fonctions ? Je dirais que c'est d'assurer déjà une certaine forme de cohésion au sein de l'équipe et au sein des différentes activités qui sont menées par les secteurs de la STM.
afin qu'on remplisse les objectifs stratégiques que s'est fixé l'ONG.
[00:03:27] Speaker A: Quand est-ce que tu es venue chez le STM ?
[00:03:30] Speaker D: C'était le 1er septembre, j'ai démarré là, début septembre. Ça fait maintenant presque deux mois, mais j'ai l'impression que ça fait déjà beaucoup plus que je suis là. L'intégration au sein de l'équipe et puis l'adhésion aux idées, aux missions qui sont mises en œuvre, fait que l'acclimatation se passe plutôt bien.
[00:03:55] Speaker B: Et qu'est-ce qui t'a amené à postuler.
[00:03:57] Speaker A: À ce poste chez la STM et à venir exactement chez cette ONG et.
[00:04:03] Speaker B: Pas chez d'autres ? C'est quoi ton parcours ?
[00:04:05] Speaker D: Alors, disons que j'ai travaillé dans différentes ONG. Donc ici au Luxembourg, j'avais travaillé pendant 13 ans chez SOS Fin. Ensuite, j'ai travaillé aussi dans une ONG située au Maroc, une ONG marocaine.
Et j'ai également travaillé pour une organisation gouvernementale, donc en ambassade au Maroc, et ça m'a permis d'analyser un petit peu la manière dont on mènent des actions de coopération. Je savais déjà qu'au Luxembourg, beaucoup d'ONG qui ont une vision du développement à l'action et au type de financement qui sont accordés par les ministères peuvent vraiment développer une vision long terme d'accompagnement de partenaires.
l'outil financier qui est mis à disposition ici par le ministère d'affaires étrangères est un outil qui permet une certaine forme de souplesse et d'accompagnement sur le moyen long terme de structure et on sait que quand on répond à des défis de développement ce n'est pas sous une approche de projet d'un an ou deux ans voire trois maximum qu'on va pouvoir réussir à apporter des changements structurels. Donc déjà, le cadre de la coopération au Luxembourg est assez spécifique. Peu de pays qui sont pourvoyeurs de fonds pour des ONG de développement permettent cette flexibilité, cette souplesse dans l'approche. Donc déjà, travailler pour une ONG au Luxembourg, avec le cadre qui est proposé par les modes de financement du ministère, offre des perspectives intéressantes dans les actions qu'on mène auprès des partenaires au Sud.
Ensuite, ce n'est pas parce que ce cadre-là apporte une certaine souplesse que toutes les structures vont l'utiliser d'une manière qui, moi, me paraît convaincante. Donc, moi, je tiens beaucoup à l'approche de co-construction qu'on doit avoir, je pense, avec les partenaires du Sud, de manière à ce qu'on réfléchisse ensemble aux réponses qui sont adaptées à des besoins, qui sont identifiées ensemble, et cette approche très partenariale qui est défendue par la STM, elle m'a plu. J'ai pu expérimenter à travers l'expérience que j'ai eue à SOS1 une approche similaire et qui m'a toujours convaincue et j'ai pu aussi voir à quel point Quand on est de l'autre côté, donc en tant qu'organisation du Sud, sur le terrain, ces approches partenariales sont assez rares, on va dire. Alors, je ne suis pas en train de reprocher aux différents acteurs de l'aide au développement ce type d'approche, dans le sens où je comprends qu'à un moment donné, la machine de l'aide, les contraintes administratives, les approches projets court terme, pressurisent des ONG du Nord et donc les empêchent de dégager du temps pour réellement investir une relation de qualité, rentrer dans un dialogue, dans de l'analyse, partager avec les partenaires.
Mais je pense quand même qu'il ne faut pas se cacher uniquement derrière le cadre et qu'il y a des attitudes qui relèvent aussi d'une certaine forme de...
néocolonialisme réellement, sans que ce soit volontaire de la part de différentes structures, mais à cause de toutes les représentations qu'on peut avoir de tout un héritage. Et il y a des postures qui sont prises, j'ai envie de dire, malgré elles, par beaucoup d'ONG encore vis-à-vis de partenaires du Sud.
Et lorsque j'ai été directrice de cette ONG au Maroc, j'ai compris à quel point c'était une force pour moi d'être européenne et donc de pouvoir négocier au même niveau avec les interlocuteurs que je pouvais avoir, les bailleurs de fonds, donc qui étaient aussi, l'argent venait du Nord.
malgré tout j'ai senti cette forme de...
de manque de considération pour l'expertise locale. On va l'appeler comme ça. C'est l'état à la tête d'une structure 100% marocaine, donc avec des équipes marocaines. Et toujours, dans le cadre des projets de partenariat, malgré l'expertise qui caractérisait l'ONG pour laquelle je travaillais, qui était une expertise très ciblée, une tendance pour nos partenaires du Nord de vouloir nous envoyer des experts sur des thématiques qu'on maîtrisait parfaitement et qu'on maîtrisait d'autant plus qu'on les exploitait en les contextualisant.
[00:09:34] Speaker B: En effet, c'est un développement très généralisé dans le domaine de la coopération et développement. Et donc, si tu peux comparer l'expérience que tu as eue au Maroc dans l'ONG et ici chez l'ASTM, c'est quoi le mode de fonctionnement de l'ASTM avec ses partenaires ?
[00:09:58] Speaker D: Pour comparer, je vais donner des exemples assez précis. La STEM vient d'introduire un programme pluriannuel, donc sur 5 ans, un accord cadre pour financer une trentaine de partenaires dans le sud global.
Ce programme, il est le fruit de tout un processus de concertation qui a duré plusieurs mois et où les partenaires ont été amenés à se positionner et à faire part de leur propre analyse dans différents pays, sur différents continents, pour qu'on fasse émerger des problématiques communes et qu'on voit ensemble quelles sont les pistes de réponses à apporter de manière à ce que la STM puisse ensuite élaborer son programme sur cette base.
Donc on a des partenaires qui ont été actifs dans la construction de l'accord cadre qui est soumis à l'approbation du bailleur de fonds ici.
Si je prends le cas de l'ONG pour laquelle je travaillais au Maroc, bien souvent on se retrouvait avec des projets dans lesquels on avait été sollicité pour proposer des activités que nous voulions mettre en œuvre, mais c'était donc des activités au service d'un objectif qui était complètement intégré aux objectifs stratégiques de l'ONG ou du Bayer qui nous finançait. On n'était pas dans une approche où on nous questionnait pour savoir nous quelles étaient nos ambitions et comment nous accompagner pour les réaliser.
D'une certaine manière, j'ai eu à plusieurs reprises le sentiment d'être plutôt un prestataire qui intervient, qu'on va chercher parce que c'était une ONG qui était structurée, qui avait une gouvernance saine, qui avait des procédures, qui était reconnue pour son professionnalisme, pour son indépendance tant d'un point de vue politique que religieux. Donc c'était une structure qui avait gagné la confiance des bailleurs de fonds ou bien des ONG internationales.
Et on nous approchait parce qu'on savait qu'on minimisait les risques en termes de partenariat, c'est-à-dire que les fonds allaient être correctement utilisés, correctement justifiés et les activités mises en place sur le terrain le seraient conformément aux exigences du bailleur.
Mais toutes les questions par rapport au contexte d'intervention, à la difficulté, on travaillait quand même sur des thématiques très sensibles qui étaient autour des violences sexuelles à l'égard des enfants. Toute la difficulté d'intervention sur le terrain et donc la prise en compte aussi du temps nécessaire pour que on puisse travailler avec des communautés, notamment des communautés religieuses, des communautés d'enseignants, avec les tribunaux, avec les hôpitaux, que tous ces acteurs-là puissent travailler avec nous sur cette thématique de manière à améliorer la prévention et ensuite la prise en charge des cas d'exploitation ou de violence sexuelle.
Cette considération-là en fait était assez évacuée, c'est-à-dire que nos partenaires techniques et financiers étaient plutôt intéressés par le résultat, mais les difficultés dans le processus, les difficultés qu'on pouvait rencontrer sur le terrain, malgré tout l'investissement humain qu'on y mettait, elles étaient difficilement partageables.
ou en tout cas elles étaient entendues mais au final ce qui compte c'est que le cadre logique soit bien rempli pour le bailleur et que les indicateurs soient là. Donc les équipes ont beaucoup souffert de devoir en fait finalement privilégier de la quantité au détriment de la qualité.
Et là par contre, je pense qu'on peut faire un parallèle et là on a un point de comparaison avec une tendance dans l'aide au développement et peut-être aussi ici au Luxembourg. C'est-à-dire que l'impact, on cherche tous à avoir de l'impact, c'est la raison même C'est notre raison d'être en tant qu'ONG, un impact social. Mais cet impact, il est difficilement mesurable. Et il y a une tendance naturelle à vouloir mesurer des effets plutôt quantitatifs parce que c'est plus facile de pouvoir relever des éléments qui soient tangibles et tout ce qui est plus qualitatif, c'est-à-dire les effets qui sont non tangibles des interventions que l'on peut avoir dans les pays du Sud et dans les pays du Nord, tout ce que nos actions induisent en termes de réflexion sociétale, en termes de changement de mentalité, on est sur vraiment du moyen long terme et donc c'est difficile de pouvoir les évaluer et il ne faudrait pas qu'on perde de vue qu'on milite aussi pour des changements de point de vue, des changements de paradigmes et que ce sont des effets qui vont se mesurer vraiment sur le long terme.
Et il peut y avoir une tendance à reprocher aux ONG de ne pas être suffisamment impactantes et de ne pas pouvoir matérialiser réellement ce qu'elles font. Mais c'est aussi parce qu'on remplit des missions de sensibilisation, d'éducation, de développement qui touchent à une conscientisation, à un changement de mentalité. Et c'est sûr, vraiment du long terme, quand on travaille dans des écoles, et qu'on fait des ateliers avec les enseignants, avec les jeunes, ces jeunes-là qui sont en pleine construction de leur conscience politique et donc les effets de ces interventions des ONG en matière d'éducation à la citoyenneté mondiale se feront ressentir dans plusieurs années, notamment à partir du moment où ils pourront s'engager, que ce soit en milieu associatif ou en politique, ou ne serait-ce que s'engager à travers le vote.
[00:16:58] Speaker B: Qu'est-ce que tu aurais aimé avoir comme soutien quand tu étais dans l'ONG au Maroc ?
[00:17:05] Speaker D: Alors ce qui nous aurait facilité le travail, c'est d'avoir des partenaires qui soient dans une logique d'accompagnement, pas une logique de projet. C'est vraiment la logique de projet, c'est une manière de mobiliser le partenaire local sur des activités qui doivent être enchaînés, donc à un rythme effréné, de renouveler des projets pour continuer des activités et on oublie complètement la souveraineté et la nature même de l'organisation locale. C'est-à-dire que l'organisation locale, elle est née à un moment donné d'une volonté de mettre en œuvre une mission, elle a sa propre vision, elle a ses propres instances et elle a une stratégie. Et pour mettre en œuvre sa stratégie, elle doit multiplier des projets de 1 à 3 ans.
des projets qui sont dans une logique d'exécution d'activités. Et j'ai eu du mal, ou en tout cas, bon, j'aurais dû rester peut-être plus longtemps parce que c'était quand même mon objectif aussi de développer ce type de partenariat. Mais ils sont rares, ces acteurs-là, que j'aurais bien aimé trouver, mais que je n'ai pas réussi à trouver, en tout cas, dans les presque trois ans que j'ai fait à la tête de cette ONG. Donc, des acteurs qui vous permettent de vous accompagner dans la mise en œuvre de votre propre stratégie. Et oui, Éventuellement, on peut avoir des projets qui servent...
nos stratégies, on doit bien mettre en œuvre des activités, mais d'accepter de financer des audits par exemple, un audit des comptes et pas juste un audit du projet, d'accepter un audit de nos procédures, d'accepter de financer la réalisation de notre plan stratégique, d'accepter de co-financer des personnes même si on n'est pas en capacité de dire exactement combien de pourcentages de temps elles vont s'impliquer dans le projet parce qu'en fait elles vont aussi participer à d'autres formes d'activités. Mais ça c'est pas évident, alors je dis pas que j'en ai pas trouvé, on a pu avoir parfois de chouettes organisations avec qui on a travaillé, mais ça n'était pas quand même la majorité.
[00:19:23] Speaker B: Et donc les problèmes de gouvernance, est-ce qu'il y en avait beaucoup ou c'était plutôt un environnement qui était sain et qui a bien fonctionné au Maroc mais qui devait faire ou changer ses projets de manière à satisfaire la logique de financement du Nord ?
[00:19:44] Speaker D: Alors, ça c'est une très bonne question. Alors, on va dire d'une manière générale, c'était justement une tendance qu'on observait, c'est-à-dire beaucoup d'ONG marocaines s'éloignaient de leur mission initiale pour pouvoir rentrer dans les cases des différents appels à projets.
et on se retrouvait avec des ONG finalement qui étaient sur le papier spécialisé en tout mais en vrai qui n'avaient plus vraiment d'expertise puisqu'il fallait qu'elles s'ouvrent à différentes thématiques et donc ça c'est vraiment le jeu aussi des logiques d'appel à proposition où il faut soumettre un projet et donc pour satisfaire le bailleur et bien on va s'ouvrir. Alors des ONG qui ont toujours travaillé par exemple dans Le domaine de l'environnement s'ouvre aux questions de violences basées sur le genre ou d'autres questions. C'est clair que c'était assez fréquent pour les ONG qui avaient les capacités de pouvoir répondre à des appels à projets. Au Maroc, il y a un nombre énormes d'associations. Beaucoup étaient des associations plutôt, on va dire, partisanes, des petites associations communautaires ou parfois très politisées au service d'une personne. Donc, en fait, des ONG qui pouvaient satisfaire aux critères des bailleurs en termes de gouvernance, de partage des pouvoirs, déjà étaient assez rares.
Et ensuite des ONG qui restaient fidèles à leur mission du début à la fin, oui là aussi c'était rare. Pour parler de l'ONG dans laquelle je travaillais, il y avait vraiment une volonté très forte du conseil d'administration.
de ne pas s'ouvrir, c'est-à-dire qu'on agissait dans le domaine de la protection de l'enfance et des violences sexuelles. À un moment donné, l'enfance n'était plus très tendance vis-à-vis des bailleurs de fonds, c'était plutôt les femmes. Donc il y avait eu beaucoup de débats en interne. On a quand même toute une expertise dans le domaine qui nous permettrait aussi de nous élargir à un public. Là-dessus, on avait un conseil d'administration qui était très ferme.
et qui souhaitait qu'on reste fidèle à notre mission d'origine pour éviter de se disperser. Je pense que c'est une décision qui est payante en termes de de reconnaissance de notre légitimité, de notre expertise sur le long terme, mais qui parfois, quand on est dans des logiques de survie, puisqu'on dépend d'une aide extérieure, se priver de ce genre de financement, c'est vraiment des choix politiques aussi pour l'organisation.
Et c'est ça qui me plaît aussi dans des organisations et qui oriente mes choix. C'est pour ça que travailler pour la STM était pour moi travailler pour une association qui reste fidèle à ses choix politiques et qui les affirme, même s'ils sont à contre-courant, même s'ils peuvent parfois desservir ses propres intérêts. Là, je parle des intérêts de la structure.
mais que la logique d'intervention et le positionnement politique restent au service d'une vision et que cette vision-là n'est pas dévoyée en fonction de certaines opportunités, ça c'est quelque chose auquel je suis très attachée et c'est pour ça que l'ASTM pour moi représentait une certaine forme de garantie sur une certaine forme d'intégrité dans la mission et la manière dont elle est conduite depuis plus de 50 ans.
[00:23:39] Speaker B: Pour revenir à un point que tu as mentionné avant, qui m'a beaucoup interpellée, cette tension entre avoir un réel impact sur le terrain, sur la mentalité, sur la façon de faire bouger des choses, mais qui n'est pas immédiat, donc qui est sur le moyen ou long terme, qui est très important pour faire évoluer les choses, mais qui est moins sollicité par les bailleurs de fond parce qu'il n'est pas si facilement quantifiable et il est beaucoup plus difficile à expliquer. Cette contradiction, est-ce que tu la sens aussi au Luxembourg ? Est-ce que c'est une tendance générale ?
[00:24:21] Speaker D: Oui, c'est une tendance générale, mais qui s'explique aussi par la difficulté que pose la question de la mesure d'impact qualitatif. C'est-à-dire que si réellement on voulait mesurer l'impact d'action qui relève de la conscientisation du grand public ou d'un public spécifique, Il faudrait entrer en partenariat avec la recherche, construire un programme de recherche sur plusieurs années et ça implique aussi que d'une part on ait des moyens, mais là je parle des moyens pas seulement pour l'ONG mais aussi la recherche en sciences sociales. Le monde de la recherche est aussi victime des difficultés à financer des recherches de ce type. Et donc cette question-là des moyens, je pense tant en termes de ressources, de temps, mais aussi d'intérêt de la part du secteur de la recherche pour ces questions-là, fait que c'est très compliqué.
Et moi, mon rêve, ce serait vraiment de pouvoir avoir les moyens d'un programme en association avec la recherche qui permette de mesurer les effets d'action d'ONG qui travaillent en éducation et développement. Voilà, alors après, On parle de là, d'avoir des recherches qui s'étalent sur des dizaines d'années, mais je pense que c'est faisable. Maintenant, ça nécessite un investissement tel qu'est-ce qu'on peut se le permettre ? Je ne sais pas.
[00:26:22] Speaker B: Qu'est-ce que tu dis de la critique de la coopération au développement comme moyen d'instrumentaliser l'aide pour avoir une continuation d'une pratique néocoloniale dans des pays qui ont un passé compliqué avec l'Europe et qui maintenant sont dépendants de notre rapport en argent ?
[00:26:46] Speaker D: Alors, donc là on fait référence plutôt alors à des politiques de coopération bilatérale, je pense. Dans ces cas-là, alors, c'est intéressant l'expérience que j'ai pu vivre au Maroc parce que je crois que les États du Sud sont de moins en moins dupes et s'affirment, alors le Maroc en est un exemple particulièrement parlant eu égard au développement, à la dynamique qui est insufflée dans le pays et à vraiment cette volonté de s'émanciper des différentes puissances coloniales qui ont pu le coloniser par le passé. Donc on sent qu'il y a vraiment un changement de prisme, une volonté de devenir un leader au niveau de de l'Afrique et donc une volonté d'affirmer son indépendance à l'égard de ses partenaires classiques.
J'ai pu le sentir et d'autant plus quand j'ai travaillé à l'ambassade de France qu'on avait aussi à faire, dans la contrepartie au Maroc, à des personnes qui n'allaient plus se laisser dicter des politiques, même s'ils sont sujets à certaines formes de pression et que parfois il y a des logiques économiques qui contraignent. Mais je pense que dans les pays du Sud, on a tendance maintenant à voir émerger, que ce soit au niveau des institutions, qu'au niveau des organisations de terrain, des personnes qui sont en capacité, en tout cas, d'élever une voix qui soit discordante de la pensée qui va être diffusée par le partenaire financier qui, bien souvent, vient de l'Occident. Mais on peut être aussi Enfin, assez...
inquiets, parce que si on a une parole, notamment je pense en Afrique subsaharienne, qui s'élève beaucoup contre l'Occident, on voit que c'est pour parfois s'orienter vers d'autres partenaires, je pense notamment à la Chine ou la Russie, qui risquent de reproduire, qui reproduisent, mais sous ce même cette même emprise sur le Sud et je pense que...
Parfois, la manière dont on peut percevoir une certaine forme de remise en cause de puissance occidentale, il ne faut pas être dupe parce que parfois certains pays, tout dépend après du niveau de développement du pays et des intérêts stratégiques qu'il peut y avoir derrière, mais tournent aussi le dos à d'autres puissances.
[00:30:04] Speaker B: Aude, comme tu as travaillé dans une ONG au Maroc, est-ce qu'il y avait une façon de travailler ou des pratiques qui allaient particulièrement bien, qui te servent comme inspiration, qui te disent le Luxembourg ou l'ONG t'aiment pour récopier ?
[00:30:20] Speaker D: Je dirais que par la force des choses, ce que j'ai retenu de l'ONG au Maroc, et par la force des choses j'entends par les contraintes qu'imposent les logiques projets, donc il faut toujours aussi retirer du positif, c'est qu'on est soumis à une telle pression de temps qu'on ne peut pas fonctionner sans planification et sans réunion de coordination vraiment centrée sur mise en oeuvre d'activités, collaboration interne pour être le plus efficient possible dans l'action.
Et donc, c'est au début quelque chose qui m'a un petit peu déstabilisée, puisque on ne pouvait pas prendre beaucoup de temps pour l'échange, le débat, la réflexion, un peu plus, je veux dire, intellectuelle. On était vraiment dans de l'opérationnalisation.
Et ce temps plus de réflexion, on se l'accordait, mais de manière beaucoup plus ponctuelle, parce que rattrapée par la logique de mise en œuvre des activités.
Donc c'est ce que j'ai retenu de très positif, parce que finalement, on le voit quand on en discute ici en interne, avoir un peu de prévisibilité par rapport à notre travail, pouvoir se projeter pour ensuite organiser des collaborations en interne, ça nécessite justement ce travail d'anticipation. Donc c'est vrai que c'est des points sur lesquels on discute en ce moment en interne et sur lesquels je me dis on pourra essayer d'avancer, mais ce n'est pas dans un souci d'être rigoureux et de se dire qu'il faut tout cadenasser, tout planifier. Non, je pense que ça permet d'avoir une visibilité d'ensemble et que ça permet vraiment de renforcer une cohésion dans le travail et toujours au service de la mise en œuvre de la mission de l'ONG, en l'occurrence la STM.
[00:32:38] Speaker B: On a beaucoup parlé de ton parcours, de tes expériences du passé dans une ONG au Maroc. Donc maintenant que tu es chez la STM, quels sont les dossiers actuels ou les défis dans le futur que tu veux attaquer ?
[00:32:56] Speaker D: Alors je crois que ce sont des défis qui ne concernent pas que la STM. On sait qu'on est actuellement en train de réfléchir avec le ministère des affaires étrangères à une réforme de l'éducation développement au Luxembourg.
Pour moi, arriver dans ce contexte, c'est une réelle opportunité. Je trouve qu'on a là un ministère qui nous propose de construire ensemble une réforme sectorielle de l'éducation à la citoyenneté mondiale au Luxembourg.
Ça marque un réel tournant dans l'approche et la force est qu'il y a une volonté, en tout cas il faut qu'on la concrétise, il faut qu'elle se matérialise maintenant par des échanges réguliers, un véritable dialogue qui s'inscrive entre le secteur des ONG et le DESC ONG du Luxembourg, mais si on entre vraiment dans un processus d'échange de manière à ce qu'ensemble on formule des propositions qui tiennent compte des contraintes et des spécificités de chaque partie, puisque je pense que voilà, aussi bien le ministère que les ONG ont leurs spécificités mais je pense qu'on peut y répondre de manière tout à fait raisonnable et aussi on peut d'autant plus y répondre que chacune des parties est animée par une volonté de renforcer l'efficience du travail et l'impact.
Et à partir du moment où on a des constats qui sont partagés, il faut s'entendre, et ce n'est pas toujours évident, sur le moyen d'y répondre. Mais je pense que si on est dans une logique d'écoute mutuelle et aussi de dialogue, parce que pour pouvoir mener de telles réformes ambitieuses, il faut pouvoir prendre du temps, il faut pouvoir s'écouter, se comprendre pour avoir une base commune qui permette ensuite d'avancer et je me dis que c'est vraiment un beau défi qui se présente pour les ONG au Luxembourg, pour l'ASTM en particulier puisque c'est une structure qui a été pionnière en matière d'éducation et développement, c'est une structure qui mène des missions déjà au service des ONG de développement à travers notamment le C-TEAM qui est mis à disposition des autres ONG et qui propose aussi toute une série d'ouvrages en lien avec des thématiques nord-sud. C'est vraiment une ONG, la STM, qui a une expertise à faire valoir dans ces discussions et je suis très fière de pouvoir porter cette expertise. Alors je ne suis pas seule, la STM c'est toute une équipe, mais je suis fière de pouvoir m'en faire le porte-parole et je m'en ferai le porte-parole lors des différents espaces qui seront donnés pour qu'on puisse avancer dans le cadre de la réforme structurelle de l'éducation-développement.
[00:36:24] Speaker B: Merci beaucoup, Aude Ehlinger, nouvelle coordinatrice de l'Action Solidarité Tiersmond au Luxembourg, pour cette conversation très enrichissante. Et bonne continuation pour tous les projets au futur.
[00:36:37] Speaker D: Merci.
[00:36:46] Speaker A: «Zukunft gerast gestalten» mit der Aktion Solidarität Tiersmond.
Bonjour à tous!
[00:37:01] Speaker C: Bonjour Christine!
[00:37:03] Speaker A: Merci beaucoup d'avoir pris du temps pour nous présenter quelques livres du CITIM, car notre podcast avait un peu de pause. Peut-être encore une petite explication pour tous les nouveaux écouteurs de ce que c'est que le CITIM.
[00:37:17] Speaker C: Je suis très contente d'être de nouveau ici. Le CITIM est le Centre d'Informations Théramente. Nous sommes une bibliothèque spécialisée, mais tout de même publique. On ne se trouve pas loin du Hauptbahnhof. Tout le monde peut venir nous voir, qui s'intéresse à l'histoire, la culture, la situation politique des pays d'Afrique, de l'Amérique latine et de l'Asie. Nous avons aussi des romans d'auteurs qui viennent de ces trois continents.
On a des livres en allemand, français et anglais. On trouve aussi des livres sur la globalisation, l'évolution durable, la migration, des BD et des magazines spécialisés, que l'on ne trouve pas forcément au kiosque.
[00:38:05] Speaker A: Si l'on s'intéresse à ce qu'il y a des livres dans le CITIM, où peut-on voir le catalogue ?
[00:38:12] Speaker C: Nous sommes partenaires du réseau de bibliothèques nationales de Luxembourg, c'est-à-dire que sous le code A-Z.LU, on trouve les libraires qui sont partenaires, ainsi que le CITIM, où on peut chercher des livres et des auteurs.
[00:38:29] Speaker A: Et aujourd'hui, tu nous as apporté une petite sélection, un domaine thématique. Qu'est-ce que tu t'es décidée aujourd'hui ?
[00:38:37] Speaker C: J'ai déjà mentionné quelques domaines dans lesquels on peut trouver des livres. Et un domaine relativement nouveau pour nous, c'est l'architecture. Et je vous ai apporté quelques livres de ce domaine.
Parce que l'architecture nous entoure tous les jours. Luxembourg est aussi un pays de construction, où on voit toujours des crènes. Et avec toute la grande question du changement climatique, et l'amélioration des villes. La question se pose, comment peut-on rendre la ville plus vivante, non seulement en matière d'environnement, mais aussi en matière d'habitation commune.
[00:39:19] Speaker A: Ça a l'air très intéressant. Comment êtes-vous arrivés à ce nouveau domaine ? Est-ce que ce sont des propos des lecteurs ?
[00:39:29] Speaker C: C'est une très bonne question. Je crois que...
Je crois qu'il s'est déroulé par le fait que, il y a quelques années, Francis O'Regan... Non, il faut que je répète la question. Comment est-ce qu'il s'est déroulé ?
[00:39:57] Speaker A: Parce que j'ai entendu qu'il y avait un nouveau domaine.
[00:40:00] Speaker C: Comment est-ce qu'il s'est déroulé ce nouveau domaine ? Ça s'est déroulé d'une manière tout à fait incroyable.
Nous recevons et souhaitons aussi des propositions de nos utilisateurs, et il y a une certaine période de temps, il y a eu de plus en plus d'intérêt pour l'architecture et les architectes du sud global. Cela correspond super à notre bibliothèque, car nous voulons que les visiteurs puissent s'informer sur le savoir et les bonnes pratiques du sud global.
Il y a aussi beaucoup de choses qui nous permettraient de nous enrichir. Cela inclut l'architecture et surtout l'architecture traditionnelle.
qui s'oriente normalement vers les ressources naturelles, sur ce qui est disponible et ce que je peux construire, et qui est aussi très objectif, comment je m'adapte à mon climat local, et ce n'est pas avec des installations climatiques, de l'électricité, etc. mais d'une manière naturelle, de l'environnement naturel. C'était un intérêt, mais aussi pour présenter l'architecture du sud. Parce que chez nous, pas seulement sur l'architecture, on se focalise plutôt sur le nord global, sur les Européens blancs. Et c'est comme ça qu'on a un livre sur Francis Carré.
C'est un architecte de Burkina Faso qui a gagné le prix Pritzker il y a quelques années. C'est un prix très renommé pour l'architecture. Il construit avec des matériaux traditionnels, mais il y a aussi de l'architecture contemporaine, où l'on voit que les deux, les beaux et les utiles, C'est un livre que l'on trouve dans le domaine de l'architecture. Il s'appelle Radically Simple. Et c'est aussi quelque chose qui se trouve directement devant nos yeux. Comme je l'ai déjà dit, l'architecture nous entoure tous les jours. Et chacun qui se dirige dans la ville de Luxembourg va remarquer le trafic, par exemple. C'est maintenant un peu plus relaxant grâce à la construction du tram.
Il y a des livres qui s'intéressent à l'urbanisme circulaire. Ils parlent de la façon dont les villes sont construites autour d'autos, de la façon dont l'urbanisme s'adapte à la démolition sociale, et de la façon dont la ville donne des valeurs à ceux qui en ont besoin. C'est le livre Manifest pour un urbanisme circulaire de Simon Griseau.
Les bâtiments devraient être construits d'un matériel durable et s'adapter à leur environnement.
pour leurs habitants. Et là, il y a le très beau livre Green Architecture, qui est pratiquement écrit en trois langues, et c'est nos trois langues, allemand, français et anglais. Et ça offre des exemples concrets partout dans la planète, sur de très différents bâtiments, avec de très différentes fonctions, et aussi avec de très beaux photos, alors là, on peut s'inspirer.
Et sur le thème du changement climatique, nous devons nous adapter. On entend souvent dans les nouvelles qu'il y a de longues périodes de chaleur, qu'il y a de nouvelles éclosions. Comment s'adapter ? Dans le livre Architectures et changement climatique, il y a 20 interviews sur l'avenir du bâtiment, avec des gens de toute la planète, pas seulement d'Europe, mais aussi de Singapour, de Mexique et de Kenya.
qui ont leurs propres conditions climatiques et sociales. Mais aussi là, on peut apprendre des spécialistes d'autres pays. Et un aspect très intéressant et intersectionnel, c'est le thème du féminisme dans la ville.
de manière plus agréable et plus pratique. Les femmes doivent aussi participer à ce processus. Les femmes doivent se déplacer plus souvent avec leurs enfants. Les toilettes publiques sont manquantes. Les femmes doivent aussi pouvoir se déplacer. Ce sont des aspects qui sont considérés dans le livre Feminist City de Leslie Kern. Et qui permettent de créer de nouveaux moments d'impact.
[00:44:42] Speaker A: C'est très intéressant et cette nouvelle perspective sur l'architecture, au sens du changement climatique et des qualités de vie, et bien sûr d'imaginer d'autres personnes, Pour les Européens Blancs, c'est certainement un aspect très intéressant. Si les gens sont motivés à venir au CITIM et d'acheter un de ces ou d'autres livres, comment peuvent-ils trouver le CITIM ?
[00:45:12] Speaker C: Nous sommes à Rue Adolf Fischer, entre 136 et 138. Beaucoup d'entre vous connaissent la rue Strasbourg-Platz. Nous sommes entre Strasbourg-Platz et Rue Hollerich. Nous sommes ouverts du dimanche jusqu'à lundi, de 12h à 18h. Nous avons aussi une site web, si vous voulez vous informer de ce que nous offrons actuellement. Vous pouvez nous trouver sur www.citym.lu. Très bien.
[00:45:42] Speaker A: Vielen Dank und bis nächstes Mal, bis.
[00:45:44] Speaker C: Nächsten Monat, vielen Dank, tschüss!
[00:45:47] Speaker A: Je voudrais remercier à tous d'avoir écouté l'épisode «À n'est-ce que la vie » de l'ASTM, Action Solidarité Tièrement de Luxembourg, en ce soir avec le Climatbundesluxembourg et le Radio ARA. Nous avons beaucoup de plaisir de vous écouter, et nous sommes très heureux d'être ici sur le Radio ARA et sur toutes les plateformes de podcast.